Dans les démarches de type Plans climat air énergie territoriaux (PCAET) menées par les territoires, la notion de « puits de carbone » est souvent abordée. Actuellement, peu de données existent pour estimer la capacité d’absorption de CO2 sur un territoire. L’ORCAE a développé une méthodologie, en partenariat avec l’Ecole des Mines de Saint Etienne, pour estimer l’absorption de carbone pour chaque commune d’Auvergne-Rhône-Alpes.

La séquestration du carbone se fait par la biomasse, aussi bien dans la partie souterraine (dans le sol) que la partie aérienne (appareils végétatifs des plantes).Elle se fait aussi dans l'océan, mais ce cas ne sera pas pris en compte pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. La méthodologie se concentre sur les sols et la forêt.

La séquestration du carbone d'un territoire est également fonction de l'évolution de l'utilisation du sol. C'est pourquoi il est intéressant d'estimer le stock de carbone dans le sol et la biomasse vivante, mais il est encore plus intéressant d'essayer d'évaluer la quantité de la séquestration du carbone par type de terrain utilisé (labour, forêts, coupes à blanc, sols imperméabilisés par l’urbanisation ou l’industrialisation, etc.).

Trois aspects sont donc distingués et estimés par l’Observatoire :

  • les stocks de carbone dans les cultures, prairies, forêts, vignobles et vergers,
  • les flux annuels d’absorption de carbone par les prairies et les forêts
  • les flux annuels d’absorption ou d’émission de carbone suite aux changements d’usage des sols.

La source de données utilisée est une base de données de l’occupation du sol du SDES qui a trois niveaux de précisions. Le niveau 1 possède 5 classes, le niveau 2 en possède 15 alors que le niveau 3 en a 44. Elle a également trois niveaux géographiques : communal, départemental, régional. Elle permet d’estimer leur évolution à chaque mise à jour des données. On utilisera ici les données 2006 et 2012, année la plus récente disponible.

Le rapport pour convertir le carbone en dioxyde de carbone est de 3,67 (1 tonne de carbone = 3,67 tonnes de CO2).

Les stocks de carbone par type de végétation

Cette donnée permet d’évaluer le stock de carbone par type de couverture végétale. On utilise la base Corine Land Cover (CLC, année 2018) pour déterminer les surfaces (en ha) de chaque catégorie par commune. On applique ensuite un ratio national (exprimé en tCO2/ha) pour chaque catégorie de surface (source : CLIMAGRI, ADEME).

Type de surfaceCodes CLC correspondantsRatio utilisé (tCO2/ha)
Cultures211 - 242 - 243188
Prairies231 - 321298
Forêts311 - 312 - 313285
Vignobles221126
Vergers222 - 223173

Les flux annuels d’absorption de carbone

Cet indicateur permet d’évaluer le CO2 que les prairies et les forets stockent annuellement, essentiellement dû à la croissance des troncs, branches, racines et herbes. L’absorption de carbone par les cultures n’est pas estimée par l’ORCAE. On utilise la base CORINE Land Cover (année 2018) pour déterminer les surfaces (en ha) de chaque catégorie. On applique ensuite un ratio (exprimé en tCO2/ha/an) pour chaque catégorie de surface.

Pour estimer la quantité de carbone et de CO2 absorbée annuellement par hectare par la forêt, il a fallu définir un accroissement annuel de la forêt par hectare (les estimations des taux d’accroissement annuel ne proviennent pas de chiffres établis scientifiquement mais de discussions avec des experts du domaine de la forêt). Celui-ci diffère selon les départements. Cet accroissement annuel ne correspondant qu’au tronc, pour tenir compte de l’accroissement des branches et des racines qui elles aussi absorbent du carbone et du CO2, un coefficient de 1,24 pour les racines et 1,16 pour les branches est appliqué.

De plus, comme la classification ne permet pas de distinguer les différents types de végétaux (feuillus, résineux…) à l’intérieur de la classe forêt, une masse moyenne de bois par m3 a été déterminée. Celle-ci est de 700 kg par m3.

Le contenu en carbone d’une tonne de bois a été estimé à partir des chiffres de l’Observatoire de la Forêt Méditerranéenne (OFME) : « Une tonne de bois sec contient 500 kg de carbone et émet 1,83 tonnes de CO2 ». Tous ces chiffres estimés sont résumés dans le tableau ci-dessous.

Chiffres estimés pour établir la cartographie de la quantité de CO2 absorbée annuellement par commune :

DépartementAccroissement annuelAccroissement annuelAbsorption de carboneAbsorption de CO2
 (m3/ha/an)(t/ha/an)(t/ha/an)(t/ha/an)
Ain6,74,72,358,6
Ardèche-Drôme5,03,51,756,41
Allier - Cantal - Isère - Loire - Haute-Loire - Puy-de-Dôme - Rhône - Savoie - Haute-Savoie6,04,22,17,69

Concernant la forêt, on dispose de ratios spécifiques pour certains départements.

Type de surfaceCode CLC correspondantRatio utilisé (tCO2/ha/an)
Prairies231 - 3211,83
Forêts311 - 312 - 313

Ain : 12,37

Ardèche et Drôme : 9,22

Autres départements : 11,06

Les ratios utilisés peuvent être différents d’un département à l’autre, suivant les conditions climatiques.

Explication du ratio d’absorption des forêts sur l’exemple de l’Ain :

  • Accroissement annuel du tronc des arbres : 6,7 m3/ha/an
  • Densité du bois : 700 kg/m3
  • Accroissement annuel du tronc des arbres : 6,7 * 0,7 = 4,7 t/ha/an
  • Contenu carbone du bois : 50%. « Une tonne de bois sec contient 500kg de carbone et émet 1,83 tonnes de CO2 » (OFME).
  • Absorption de CO2 du tronc des arbres : 4,7 * 1,83 = 8,6 tCO2/ha/an
  • Prise en compte de l’accroissement des racines : multiplier par 1,24.
  • Prise en compte de l’accroissement des branches : multiplier par 1,16.
  • Absorption totale : 8,6 * 1,24 * 1,16 = 12,37 tCO2/ha/an.

Flux annuels d'absorption ou d'émission de carbone suite aux changements d'usage des sols

Cet indicateur permet d’évaluer l’émission ou l’absorption de carbone issue d’un changement de couverture végétale. La base CORINE Land Cover quantifie les changements intervenus entre 2012 et 2018 en termes de passage d’une catégorie de surface à une autre. Les processus d’absorption/émissions de carbone sont modélisés comme suit, en s’inspirant de la méthodologie Climagri® de Ademe. Le signe « + » désigne une absorption et le signe « - » une émission.

De (ligne) à (colonne)

Cultures / Vignobles / Vergers

Prairies

Forêts

Sols imperméables

Cultures / Vignobles / Vergers

x

+1,8 tCO2/ha/an

+1,61 tCO2/ha/an

-31,67 tCO2/ha/an

Prairies

- 3,48 tCO2/ha/an

x

+0.37 tCO2/ha/an

-48,33 tCO2/ha/an

Forêts

-2,75 tCO2/ha/an

-0.37 tCO2/ha/an

x

-48,33 tCO2/ha/an

[Mise à jour : mars 2023]